« Avaler tout rond » est courant dans nos sociétés « modernes ». Pourtant, les rôles de la mastication sont multiples et fondamentaux. C’est le premier maillon de la digestion, là où le travail commence et il n’est pas à négliger.
En effet, ce qui nous intéresse dans un aliment, c’est sa richesse en nutriments, et comment ils vont être absorbés par l’intestin, puis assimilés par les cellules.
Mais si, dès l’entrée dans la bouche, premier site du tube digestif, l’aliment est mal mastiqué, qu’en sera-t-il de l’absorption ? Et de l’assimilation ? Quels efforts devront fournir les autres organes du tube digestif pour arriver à l’un des buts de l’alimentation : la nutrition cellulaire ?
Rôle de programmation digestive
Les 1ères informations reçues en bouche (composition de l’aliment et du bol alimentaire) préparent au bon déroulement des actions enzymatiques digestives (sécrétion des sucs gastriques, pancréatiques et intestinaux) via l’hypothalamus.
Rôles Mécaniques
- Broyer les aliments, pour alléger le travail musculaire de l’estomac dans la suite du processus de digestion
- Humidifier ou diluer les aliments pour favoriser le travail biochimique de l’estomac et rendre possible les bénéfices suivants :
- Bénéfice Organoleptique
Une fois humidifiés, les aliments induisent une réaction gustative : saveurs (acide, sucré, salé, amer et piquant), arômes et texture.
- Bénéfice Psychoaffectif
L’aliment en bouche stimule les sens et réveille des souvenirs agréables (plaisir) ou désagréables (déplaisir) en fonction du passif personnel. C’est un véritable exercice de mobilisation de la volonté.
- Bénéfice Biochimique
Action de l’enzyme amylase salivaire qui assure la 1ère étape de la digestion des amidons (dissociation en molécules plus petites). Sans cette action, les amidons ne peuvent être assimilés par la cellule.
- Bénéfice « satiétant » et amincissant
Une mastication plus longue induit un effet réplétif (satiété), modérateur sur l’appétit et par extension un effet amincissant.
- Bénéfice antiseptique
Le lysozyme salivaire est une protéine désinfectante. Elle est importante pour les personnes à risque et pour les repas que l’on n’a pas préparé soi-même.
Pour toutes ces raisons, tout aliment devrait être mastiqué, quel que soit sa consistance : solide ou liquide, pour en révéler toutes les saveurs et arômes, pour potentialiser le plaisir du repas, pour faciliter la digestion.
Lorsqu’un aliment a été suffisamment mastiqué, il se délite tout seul en bouche.
Si la mastication est trop rapide ou inexistante, un nombre de mastication par bouchée pourra être déterminé (entre 20 et 40), sans que cela ne devienne source de stress ou de « fixation » J
Le petit + … La mastication en Pleine Conscience !
« La Pleine Conscience consiste à intensifier sa présence à l’instant, à s’immobiliser pour s’en imprégner, au lieu de s’en échapper ou de vouloir le modifier, par l’acte ou la pensée ». – Christophe André.
« Alors l’esprit ne regarde ni en avant ni en arrière. Le seul présent est notre bonheur » – Goethe.
Quand vous mangez un plat, une bouchée, concentrez-vous sur cette bouchée et prenez conscience des sensations qu’elle vous procure : chaud, froid, doux, amer, piquant, sucré, … faites la tourner dans votre bouche, croquez-la à droite, à gauche, … ressentez sa structure : rugueuse, molle, douce, … et si une pensée parasite s’interpose à votre ressenti, c’est OK, laissez-la filer à travers vous et revenez à vos sensations de mastication.
Avec ce petit jeu, vous découvrirez de nouvelles saveurs à vos aliments et la mastication deviendra un réel plaisir. Faites l’exercice avec un seul grain de raisin et vous aurez l’impression qu’il peut être un repas à lui tout seul.